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 [DIV] Une rencontre fortuite, par C. Souffle Braise

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Raedric Stornfeld
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MessageSujet: [DIV] Une rencontre fortuite, par C. Souffle Braise   [DIV] Une rencontre fortuite, par C. Souffle Braise EmptySam 26 Oct - 0:23

HRP : Cet écrit n’est pas une production du Salon mais un écrit de Cleyam. Le Salon a obtenu en HRP la permission de l'auteur de le poster. Le récit est consultable ICI. Il est à noter qu'une bonne partie du récit a été rédigé par Heythe Nografe. En RP, on peut considérer que la chose a été rédigée par Cleyam lorsqu'il présentait ses voyages et rencontres.

Une rencontre fortuite
Par Cleyam Souffle Braise


~ Le pandaren raisonnable s'accommode à toutes les circonstances. ~

"- Mphf ! grogna-t-il, en plissant les yeux, tâtant les deux entailles laissées par les lames acérées de l'elfe de sang, deux jours plus tôt. C'est lui qui aurait du recevoir mon "baiser ardent", il l'aurait mérité !"

Toujours assis au bord de la partie du grand lac situé au nord d'Hurlevent que l'on surnomme l’étang d'Olivia, Cleyam, le pandaren maître-brasseur, ressassé les souvenirs de son tout premier combat au nom de l'Alliance. A n'en pas douter, les "hordeux" étaient des durs à cuir ( à l'exception d'un certain réprouvé, songea-t-il, amusé ), bien plus que les hozens et autres nuisances de son île natale. Pour tout dire, cette blessure lui laissait la marque sévère de son échec à honorer son serment.

Comment pourrait-il envisager de combattre des dizaines d'autres ennemis à l'avenir si ses premiers adversaires lui assénaient déjà des blessures ? Il était l'un des maîtres-brasseurs ! Ceux dont l'ébriété les met à l'abri des coups et dont la frénétique utilisation de la danse de l'homme ivre leur permet de mettre à terre des dizaines d'ennemis sonnés et humiliés ! Il y voyait là une preuve qu'il lui fallait encore pratiquer son art, comme le lui avait enseigné son maître.

Néanmoins, pas ce jour-là ! Le coup qu'il avait pris au torse le faisait encore quelque peu souffrir, bien que la blessure ait été soigné et bandé par des prêtres de la cathédrale de la Lumière, un imposant édifice se disputant avec le palais royal la place de plus grand bâtiment de la ville, où les humains expriment leur foi. De ce fait, et ceci afin de ne pas perdre ses acquis en la matière, le moine décida d'aller pêcher afin de se préparer lui-même une bonne grillade de poissons.

De toute façon, il n'y avait pas d'autres quêtes telles que la précédente proposées pour le moment en ville, se dit-il après avoir fini d'inspecter sa balafre, en se rasseyant au bord de l'eau. Il s'était installé un petit coin tranquille, à l'ombre d'un arbre, et assez loin des autres pêcheurs, de toute manière assez craintifs vis-à-vis de lui. Dommage pour la compagnie, songea Cleyam, d'autant qu'il avait apporté certains de ses breuvages pour se désaltérer, qu'il aurait volontiers partagé avec un curieux venu lui parler.

Dans les herbes sauvages se mêlant à la terre humide au bord de l'eau, il avait installé une grande étoffe de tissu verte aux motifs dorés d'un style typiquement pandaren qui, sans faire dans l'excessif, restait d'une beauté remarquable, bien que sans doute d'une qualité moyenne. Sur cet espace délimité, assez grand pour permettre au brasseur de poser son arrière-train volumineux tout en éparpillant quelques tonnelets pouvant permettre de s'asseoir ou de servir d'appuis, il restait bien quelques places de libre.

Néanmoins, une bonne partie de cette après-midi là, le pandaren pêcha en solitaire, n'ayant pas été abordé une seule fois. Sa canne à pêche de bambou, assez drôlement ressemblante avec son bâton de combat encore harnaché dans son dos, lui avait permis d'attraper quelques belles prises, dont un gros lutjan dont la taille le rendait assez fière et lui ferait un succulent plat de résistance. Pour sur, tout au long de sa partie, il vida plus d'une chope de bibine, et pourtant, un observateur n'aurait su capter le moindre signe de réelle sobriété chez lui.

La chose pouvait sembler assez ridicule, pour un vétéran ou un guerrier talentueux, mais en effet, Cleyam faisait partie des moines maîtres-brasseurs, dont la maîtrise de leur propre corps leur permettait en quelque sorte de manipuler les effets de l'alcool sur leur propre corps. A première vue assez accessoire, cette maîtrise de soi permettait pourtant à ces experts des arts martiaux d'user de la folie furieuse d'un ivrogne à son plein potentiel pour faire des ravages ou, tout du moins, se maintenir soi-même hors de danger par des gestes plus que hasardeux.

Cette danse de l'homme ivre, comme on l'appelle, pouvait donner un cocktail détonnant, une fois associée à ce qui fait vraiment d'un maître-brasseur un adversaire redoutable, c'est-à-dire ses breuvages ! Leurs propriétés, tenant parfois plus de la magie que de l'alcool, pouvait momentanément décupler leur force, ou les rendre aussi durs que de la pierre en contractant leurs muscles entraînés à ce genre de pression d'une telle sorte qu'ils en deviennent des vrais golems de pierre !

Ainsi, Cleyam sirotait tranquillement l'une de ses créations, l'air totalement serein, et ayant perdu toute trace d'incertitude dans ses traits. Après tout, il avait été entraîné à combattre des émotions négatives telles que le doute et, une fois au calme, il finissait toujours pas réussir à s'en défaire, après de mûres réflexions. Clignant des yeux en observant sa ligne, il remarqua dans le reflet de l'haut qu'il devait être un peu plus de seize heures.

Soudain, il se sentit épié, et leva la tête. Son regard toujours dissimulé par son chapeau de paille aux bords amples plongeant ses traits dans la pénombre en ne dévoilant que son museau nouvellement mutilé, pouvait paraître assez intimidant, surtout aux vues de sa carrure. Pourtant, sous peu et sans même prendre la parole, il se mit à sourire et attendit que la nouvelle venue s'adresse à lui.


Michal riait à gorge déployée en tenant par la main celle qui, selon ses propres dires, avait su d’ores et déjà le remettre sur le chemin de la vie. De l’autre main il portait le matériel de pêche que Heythe utilisait depuis quelques jours, une belle canne en os qu’elle avait achetée récemment.

Cette petite promenade quotidienne au bord du lac d’Olivia leur permettait de se retrouver en dehors du temps, loin du rythme effréné de la ville et la Gazette, loin aussi de toutes ces questions sur leurs vies respectives, celles d’avant. C’était une promenade devenue quotidienne car nécessaire pour apprendre à se connaître et envisager l’avenir ensemble.

Depuis quelques jours Heythe avait entendu parler de curieuses créatures à chapeau pointu, venues d’elle ne savait où, apparemment d’une île lointaine au sud de Hurlevent, et elle se demandait comment faire pour en rencontrer quelques uns.

Celui qui se trouvait assis là, à une dizaine de mètres d’eux sur cette si jolie natte bigarrée, posé comme une énorme peluche de foire sur un coussin de Voile d’Hiver, avait pourtant l’air aussi vivant qu’on pouvait l’être et les regardait sans crainte. Elle serra fermement la main de Michal qui se tût immédiatement, suivant des yeux la direction du regard de sa belle, étonné de la pression qu’il venait de ressentir sous ses doigts.

« Ah ben… v’la que les p’l’uches sont d’sortie, dis donc… » lâcha-t-il dans un souffle, essayant immédiatement de se poster devant Heythe pour la protéger d’une éventuelle agression. Elle se décala et fit un pas en avant, le sourire aux lèvres. « C’est un pandaren Michal… tu sais… il y en a qui… ». Il lui coupa la parole d’un ton ferme et se replaça légèrement devant elle. « J’sais c’que c’est, hein.. j’en ai d’jà croisé quel’q’z’uns en ville.. z’ont pas l’air méchants mais on sait jamais ». La crainte d’un mauvais coup lui faisait reprendre ses vieux airs de voyou des rues, son discours canaille et ses façons de vouloir en découdre avec le premier venu.

Sans se départir de son sourire, Heythe regarda Michal en secouant légèrement la tête, serra à peine sa main pour lui signifier qu’elle ne croyait pas au danger, et s’avança vers la natte, ferme et confiante, sous le regard interdit de Michal qui se laissa entraîner à sa suite, Heythe n’ayant pas lâché sa main.

« Bonjour ! » cria-t-elle sans s’avancer trop, laissant à l’inconnu la possibilité de se lever et de s’enfuir avant qu’ils ne soient trop près de lui. « Beau temps pour la pêche, n’est ce pas ? ». Elle vit l’être à poils sourire sous le chapeau et serra la main de Michal pour l’inciter à participer à la rencontre.

Le pandaren tenait dans sa patte droite un objet que Michal identifia tout de suite comme étant une chope de bière, son œil affûté d’ancien tavernier ayant déjà repéré les tonnelets éparpillés autour du maître brasseur. Immédiatement Michal sût qu’il allait pouvoir s’entendre avec le bougre, un large sourire éclairant son visage. Oubliant toute crainte de devoir sortir une dague pour défendre celle qu’il couvait de ses yeux quasiment jour et nuit depuis une semaine, il s’avança à son tour, l’air goguenard.

« Salut mec ! Moi c’est Michal Loumis et la belle rouquine qu’tu vois là, c’est la journaliste la plus sexy d’cette ville, Heythe Nografe, la plus belle des belles ! Et toi, vieux ? Tu viens d’où avec tous tes tonnelets là ? T’as traversé la Grande mer avec ? Tu lâches jamais ta bibine alors ?». Riant à moitié, il entraîna Heythe jusqu’à la natte, posa la canne sur le sol et sans façons s’assit près du Pandaren, tapotant le tissu pour montrer à Heythe où s’asseoir, tout près de lui, comme il se devait, mais à distance tout de même respectable de l’être inconnu, il ne fallait tout de même pas prendre de risques.

« Alors comme ça, à c’qu’on dit, z’êtes les meilleurs brasseurs de bière du monde ? ». Tandis que Michal montrait d’un geste large les tonnelets éparpillés et signifiait ouvertement au pandaren qu’il ne serait pas contre un test immédiat de la divine boisson, Heythe s’installa en prenant garde de ne pas salir le tissu qu’elle identifia immédiatement comme un mélange savant de soie et de coton, joliment travaillé d’or, une pure merveille artisanale.

« Bonjour messire Pandaren » répéta-t-elle, «J’espère que vous n’êtes pas offusqué par les manières un peu… brusques de Michal, moi même je m’y habitue peu à peu ! ». Elle lui fit un gentil clin d’œil sous l’œil froncé de Michal qui se mit à maugréer à voix basse, l’air faussement bougon. « Ravie de faire votre connaissance, je rêvais de pouvoir discuter avec l’un de vos concitoyens. Je suis sûre que vous avez des tas de choses à nous raconter… ».


Lorsque la jeune humaine s'approcha, son compagnon selon toute vraisemblance la talonnant de près, Cleyam s'amusa de réaliser que de là où il venait, certains jeunes couples avaient la même sorte de comportement par moment, ce qui le poussa à croire qu'il était réellement venu se joindre au bon camp. Elle l'aborda avec une formule de politesse et quelques mots pour engager la conversation qui, bien qu'assez sommaires, satisfirent le brasseur qui leur sourit de plus belle, en dévoilant quelques crocs blancs.

Plantant sa canne dans le sol pour ne pas avoir à la surveiller pendant qu'il discuterait, il souleva également quelque peu son chapeau, afin de leur permettre de voir plus en détails ses traits, n'ayant rien à cacher et se fichant pas mal de l'aura de mystère qui semblait planer autour de lui, aux yeux du couple. Après avoir repris une gorgée de bière, laissant le temps aux deux individus de s'approcher un peu plus, il répondit enfin à leur première question d'une voix très grave, mais étrangement douce, confirmant son apparence de force tranquille :

"- Bien le bonjour, madame, monsieur, fit-il en inclinant fortement la tête pour chacun d'eux en marquant un temps, en signe de respect. Il leva ensuite la tête vers le ciel dégagé. En effet, et de plus, cet étang semble gorgé de bonnes prises !"

Il accompagna ses paroles en tapotant le panier dans lequel il avait entreposé ses premiers poissons, semblant se satisfaire de son labeur qui, sans être exceptionnel, lui permettrait de faire quelques repas. Soudain, le regard de l'humain accompagnant la jeune femme sembla attiré par le barda du moine, et sa méfiance sembla s'envoler tandis qu'il venait s'asseoir près de lui comme s'ils étaient meilleurs amis du monde, ce dont il ne s'offusqua nullement, bien au contraire.

Tout en le détaillant, lui et sa compagne, pour mieux s'imaginer quelles pouvaient bien être leurs occupations, devinant du même coup qu'ils étaient également venus pêcher, il l'écouta poliment se présenter, puis introduire la demoiselle ( qu'il trouva décidément bien maigre, comme la plupart de ses semblables ). Ainsi, celui-ci était "Michal", et son amie "Heyte", une journaliste. Il trouva les noms très exotiques à son goût, et se rappela même avoir déjà entendu parler des Nografe en ville, ayant feuilleté l'une de leurs gazettes.

"- Pour ma part, je me prénomme Cleyam Souffle Brise, répondit-il suite à la question de Michal. Celui-ci l’assaillit de trois autres questions sans lui laisser le temps de répondra, mais il fit suite à cela tout son possible pour y répondre de manière concise. Je suis originaire de l'Île Vagabonde, la tortue géante Shen Zin Su, sur le dos de laquelle mon peuple vit. J'ai effectivement pris la mer sur l'un des bateaux de votre Alliance, afin de me joindre à celle-ci, tout comme une partie des miens, qui sont installés non loin d'ici."

Le brasseur s'exprimait avec une bonne utilisation du commun, signe qu'il avait probablement du faire beaucoup d'efforts pour maîtriser si vite cette langue, et sans doute qu'il devait posséder quelques faciliter à apprendre. Il accompagnait sa réponse de quelques gestes de main vague, et avait un enthousiasme contrastant assez avec les siens souvent assez passifs. Il fit une pause dans sa phrase, avant de poursuivre ses éclaircissements à l'adresse de Michal, tandis qu'Heyte commençait à s'installer.

"- Le fait est qu'effectivement, j'ai voyagé avec ces tonneaux, qui contiennent mes créations. Je fais parti de la caste des moines maîtres-brasseurs, et ce que vous voyez là est ma fierté."

Michal ayant pris ses aises, il avait eu l'occasion de constater qu'en effet, il y avait là trois ou quatre tonnelets, ainsi qu'un gros tonneau servant d'appui au dos de Cleyam, et que tous étaient marqués d'un sigle représentant une tête de pandaren. Celle-ci, assez stylisée, avait les mêmes cheveux et la même barbe que le pandaren assis près d'eux, et on y avait ajouté depuis peu les mêmes cicatrices au museau. Une flamme servait de fond à ce logo. L'humain l'interrogea encore, sur les maîtres brasseurs cette fois, ce à quoi il rétorqua :

"- La meilleure bière est celle dont on est fier, mon ami. Mais il serait sot de se borner à croire que nous sommes les meilleurs, selon quoi nous n'atteindrons jamais la perfection ! Entre nous, fit-il avec un sourire, je n'ai pas eu le moindre scrupule à venir siphonner les réserves de vos auberges humaines !"

Le brasseur partit d'un rire profond et sincère, s'amusant lui-même de son incorrigible soif d'alcool, sans trop se soucier si sa propre hilarité était partagée de ses nouveaux invités. Il tapa amicalement dans le dos de Loumis, sa grosse patte devant couvrir une bonne partie de son dos, puis se leva et vint farfouiller parmi ses affaires pour trouver de chopes de plus, aux proportions assez impressionnantes pour des humains, mais faites de bambou, les rendant plutôt légères. Il s'exclama en guise d'explication :

"- Je suis un bien piètre hôte, de ne pas vous avoir proposé plus tôt de partager mes breuvages ! Que souhaiteriez-vous boire ? J'ai cru comprendre d'après les quelques humains que j'ai rencontré que vous supportez mal le vrai alcool, mais j'ai aussi de la brune très douce et de la blonde sucrée qui devrait vous garder sur pieds. Ou bien je peux faire chauffer un peu de thé de jasmin, peut-être ? Je dois bien avoir quelques biscuits pour l'accompagner !"

Le pandaren montra tour à tour le tonnelet de brune et celui de blonde, puis le sac d'où dépassait son service à thé, tout en gardant une main posée sur son gros tonneau, qui devait contenir ce qu'il avait qualifié de "vrai alcool". Suite à cela, la jeune humaine s'adressa de nouveau à lui, et il se pencha pour l'écouter gentillement, tandis qu'elle s'excusait pou son camarade. Cela déclencha un nouvel éclat de rire pour le pandaren, qui se contenta de leur affirmer qu'il avait rencontré de bien pires bougres, en tapotant son museau légèrement mutilé.

Enfin, elle lui expliqua son envie de pouvoir faire connaissance avec l'un des membres de son espèce, et cligna des yeux, agréablement surpris par l'intérêt que lui portait la jeune demoiselle, là où comme l'avait démontré un peu plus tôt son camarade, la plupart des humains restaient encore assez méfiants pour le moment. Il s'inclina bien bas pour montrer à quel point il appréciait cette annonce, qu'il prit comme un compliment pour les siens, et déclara :

"- Et bien c'est un véritable honneur de rencontrer une jeune humaine aussi curieuse que vous, mon amie ! J'adore moi-même les histoires et les chansons parlant d'aventure, et même si je chante très faux, je sais moi-même assez bien conter. Partager donc un peu mon coin de pêche, et buvons et discutons pendant que nous attraperons quelques poissons, d'accord ?"

Souriant, Cleyam posa donc leurs chopes sur son tonneau, attendant qu'ils lui fassent part de leur souhait quant à leur boisson.


Heythe et Michal observaient de concert les chopes posées sur le tonneau, vaguement hésitants. Michal regarda Heythe, un très fin sourire en coin illuminant son visage. « Ben….. pour moi ca s’ra du vrai alcool… j’me vois pas boire de la bibin’ de fillette ! ... mais toi tu tiendras pas, hein ? T’aimes bien la brune ou tu préfères la blonde ? ». Heythe plissa les yeux, sondant du regard les intentions de Michal, déjà inquiète de le voir s’abreuver d’un alcool qui, à n’en pas douter, allait le faire délirer et le rendre agité, ce qu’elle n’appréciait qu’à moitié.

« Mmh… blonde oui… ». Elle hocha la tête pour Michal puis sourit au pandaren. «J’espère que vous êtes conscient du fait qu’un homme de chez nous n’a pas du tout les mêmes capacités digestives que vous. Ne serait-ce que la corpulence… Comme diraient les gnomes que j’ai pu rencontrer. « Vous êtes d’une belle taille ! » et je vous assure que, pour nous, vous êtes d’une taille plus que respectable ». Elle laissa le pandaren apprécier son humour et rajouta plus bas. « Je n’aimerais pas devoir ramener Michal dans une brouette chez lui… si vous voyez ce que je veux dire… ». Elle avait parlé en riant à demie, ne voulant pas alourdir l’ambiance ni donner l’air d’être rabat-joie, mais l’inquiétude pouvait se lire sur son visage et s’entendre dans sa voix. A n’en pas douter, des événements récents lui faisaient craindre le pire.

Le pandaren eût l’air de comprendre ses craintes et lui adressa un fin sourire de connivence, commençant à remplir les chopes, l’une de blonde et l’autre de vrai alcool, mais avec une parcimonie évidente. Michal s’étant renfrogné de l’entendre faire référence à une soirée difficile, Heythe glissa sa main dans la sienne pour le rassurer et lui signifier qu’elle voulait simplement s’assurer qu’il n’aille pas au delà de ses limites.

« Vous venez donc d’une île en forme de tortue ? » continua-t-elle pour le pandaren. « Ou ai je mal compris ? Vous parlez d’une île vagabonde, vous voulez dire que c’est une île qui n’est pas fixe mais mobile ? Ou… vous vivez vraiment sur le dos d’une tortue géante ?!? ».

Tout en parlant avec vivacité, elle prit sa chope de l’autre main et incita Michal à entrechoquer la sienne en signe de santé, ce qu’il fit après un temps d’hésitation, semblant avoir un peu de mal à dépasser ses sous entendus. Elle se pencha alors rapidement vers lui et vint poser une bise tendre sur sa joue. « Allez… j’ai dit ça pour Monsieur Cleyam… je voulais être sûre qu’il comprenne que tu ne peux pas boire comme lui sans risque, c’est tout. S’il te plaît… ne fais pas la tête, je suis contente d’être là, avec toi, pour trinquer avec lui… ».

L’alcool aidant, l’ambiance redevint rapidement agréable et bon enfant. Le vrai alcool ingurgité par Michal semblait le rendre loquace et amoureux, ce que Heythe ne pouvait qu’apprécier, l’ancien tavernier ayant trop souvent pris l’habitude de se taire et de l’observer être plutôt que de se laisser être lui même. Après toutes ces dernières semaines de souffrance, dûe au décès de Clarisse, le voir se détendre, parler de lui, exprimer ses envies de découvrir la méditation ou d’apprendre l’art du combat du moine, la rassurait. Même si le fait de devoir subir l’ébriété de son compagnon sans la partager ne la tentait pas, le fait est qu’il semblait plus serein qu’il ne l’était la veille, moins angoissé, moins bouleversé même.

Elle montra la natte de tissu et en fit glisser un morceau entre ses doigts. « C’est magnifique, si joliment travaillé, si coloré, c’est aussi de chez vous, je suppose ? Est ce que tout ce que vous faites est aussi chatoyant et gai ? ». Elle s’arrêta tout à coup et regarda alentour comme si elle faisait une découverte incroyable. « Mais…. à propos…. Vous êtes seul ? Vous n’avez pas de…. compagne ? »


Le pandaren laissa le couple se chamailler gentillement tout en commençant à se resservir à lui-même une bonne dose de son propre alcool. Tout dans sa gestuelle laissait transparaître une sérénité qu'il avait du longtemps travailler, et rien ne semblait pouvoir réellement atteindre sa bonne humeur. Le temps que les deux tourtereaux se décident, il prit même le parti de patienter en mâchonnant une miche de pain lui restant de son précédent repas.

Loin d'être crédule, et connaissant de mieux en mieux chaque jour les réactions des humains, et surtout de leurs compagnes, au sujet de ses puissants breuvages, le brasseur parvint rapidement à capter la lueur d'inquiétude dans le regarde de Heythe, et ne fit rien pour lui donner des raisons supplémentaires de s'inquiéter. Il les écouta faire leur choix, et commença donc à chercher les tonnelets correspondants parmi tout ceux déjà entreposés au sol.

Il ramassa celui de blonde, d'une taille modeste, dont il retira le bouchon de manière sonore avant de remplir une chope équivalant à deux verres humains à la demoiselle, de quoi avoir de quoi se désaltérer pour une bonne partie de la conversation. Le liquide, d'un doré miroitant, s'accompagnait d'un peu de mousse, et avait, comme promis, un goût sucré tout à fait divin. De tout ce qu'elle aurait bu boire, seule de la tonnebière aurait su arriver à la cheville d'une telle saveur, et encore, seulement celle de leurs meilleurs éléments.

En effet, les pandarens maîtres brasseurs ne plaisantent pas avec la qualité, en ce qui concerne leur alcool. Si leur saveur est tout bonnement sublime, leur quantité est pour le moins limitée, et il est rare de pouvoir bénéficier de cet alcool exotique. Lui laissant donc la chope de bambou fort légère, mais plus aisée à tenir à deux mains pour ne pas en renverser, le moine s'attaqua à la demande du frimeur de service, ce fameux Michal, en train de jouer au malin.

Amusé de son numéro, Cleyam entreprit d'abord de rabatte son chapeau dans son dos, accroché par un cordon lui entourant le cou, dévoilant sa chevelure noire et broussailleuse attachée en une petite queue à l'arrière du crâne. Ensuite, il saisit le couvercle de son gros tonneau, qu'il souleva, dévoilant une bière aux tons bruns, emplissant le fût aux deux tiers. Une douce odeur de houblon commença à se diffuser, tandis que le pandaren y plongeait une chope, mais la remplissant à peine à la moitié.

Devant le regard potentiellement déçu de l'humain, Cleyam referma le tonneau et posa la chope dessus, avant d'aller chercher un tonnelet sur le côté, jusqu'alors caché derrière celui de brune. Il le posa à côté de la chope, qui s’avérait être à peu près de la même taille, et désigna le logo gravé dessus. Sur celui-ci, le sigle de la flamme normalement assez discret derrière la tête de panda, était bien plus gros, comme s'il y avait un véritable incendie. Il s'expliqua :

"- Je vous ai servi un peu de ma "Belle brune", qui est déjà sacrément costaud, pour quelqu'un comme vous. Vous allez voir que vous aurez un peu de mal au début, mais ensuite, elle vous rendra tout guilleret ! Néanmoins, fit-il en tapotant le tonnelet au sigle enflammé, ne vous essayez jamais à l'eau-de-vie pandaren, sinon vous risquez d'y rester, et j'exagère à peine ! Vous allez comprendre..."

Il lui tendit donc la chope de "Belle brune", en rangeant son tonnelet d'eau-de-vie, et l'observa tandis qu'il avalait la première gorgée. Il n'avait pas menti, car le choc fut sans doute rude. Dans le meilleur des cas, Michal aura la gorge en feu pendant quelques instants et l'impression d'avoir pris un coup sur la tête, avant de sentir la sensation se calmer et lui conférer une délicieuse impression de bien-être, soit cela lui fera recracher le liquide tellement ils 'avère fort.

Apparemment habitué à l'alcool, l'humain aura sans doute réussi à ingurgiter la première gorgée, croyant d'abord se faire empoisonner, avant de réaliser que cette brûlure dans la gorge cachait un véritable trésor pour les papilles et l'estomac. Ainsi, même s'il fallait passer à chaque gorgée par cette sensation capable d'arracher des grimaces, le jeu en valait clairement la chandelle. Ainsi, bien mieux que Heythe, il pouvait comprendre ce qu'il insinuer en disant qu'il ne survivrait pas à de l'eau-de-vie !

Lorsque ses deux invités eurent pris leurs aises et se soient détendu grâce à la qualité de ses créations, dont il s'envoya lui-même de bonnes lampées, la conversation commença. Après lui avoir assuré que son compagnon ne risquait rien avec son alcool aux vertus apaisantes, il la laissa poser autant de question qu'elle souhaitait, tout en gardant un de ses yeux à la belle couleur azur sur sa ligne, pour ne pas rater une belle prise.

Il sembla assez s'amuser de l'hésitation de la demoiselle quant à son habitat natal, dont la nature lui semblait à lui tout naturel, mais dont il pouvait comprendre qu'elle puisse étonner ses nouveaux amis. Il attendit qu'elle finisse de s'emmêler les pinceaux dans ses questions, ayant sans doute peur de sembler un peu bête, ce qu'il accueillit en gardant un air intéressé et tout à fait neutre, puis lorsqu'elle eut fini, il l'éclaira de ses lumières :

"- En effet, Shen-Zin Su, que l'on appelle aussi l'Île Vagabonde, et une tortue de mer géante parcourant les mers depuis des siècles avec notre peuple sur son dos. Le temps a vu se développer un relief couvert de végétation, originaire du continent perdu selon toute vraisemblance, et elle n'a cessé de nous déplacer sur l'océan depuis que Liu Lang, son compagnon pandaren et ami, mais aussi le premier des explorateurs pandarens, soit mort."

Cleyam marqua une pause, pensif, puis ajouta :

"- L'histoire de Liu Lang est très belle et intéressante, et l'un de nos plus beaux chants en traite, mais ce serait assez long, et je suppose que vous avez d'autres choses à me demander pour le moment, afin d'étancher votre curiosité, plutôt que d'écouter une histoire, bien qu'elle soit belle. Je pourrai toujours vous en parler une autre fois, je suppose !"

Laissant l'ambiance doucement se poser tandis qu'il parlait, Cleyam accentua par moment ses phrases d'une gorgée de bière, semblant tellement habitué à celle-ci pour sa part qu'il n'en ressentait même plus la brûlure, chose rendue bien plus aisée par ses aptitudes de brasseur guerrier. Il s'attendrit même de voir son alcool rendre l'humain plus aimant envers sa douce, dont les inquiétudes s'envolèrent selon toute vraisemblance.

Après un temps, celle-ci trouva une autre question à lui poser, évoquant la qualité de la nappe sur laquelle ils s'étaient installés. Bien que le tissu soit beau et les motifs chatoyants, Cleyam s'étonna un peu du compliment, lui-même plus qu'habitué à ce genre de coloris, portant pour lui-même un ensemble pourpre et doré du plus bel effet. Il fut très flatté de la remarque, l’étoffe étant d'ailleurs un objet de famille dont il appréciait la vue.

"- Et bien oui, je tiens cela de ma mère, qui était bonne tisserande, expliqua le moine avec un petit sourire. Elle savait ce qu'elle faisait, pour sur, et comme elle, beaucoup de nos artisans aiment les jolies couleurs. N'est-il pas un peu dommage de se contenter des tons sobres lorsque l'on peu arborer les plus joyeuses teintes ? "

Il capta également l'air soudain hésitant de la demoiselle observant les alentours, et lorsqu'il eut terminé sa phrase, il savait déjà qu'il aurait bientôt le droit à une nouvelle interrogation, ce qu'il attendit en replaçant correctement sa canne à pêche commençant à un peu pencher sur le côté. Son regard se posa sur l'humaine tandis qu'elle lui demandait s'il n'avait pas une femme, et la chose sembla l'étonner, comme s'il ne s'était jamais vraiment rendu compte de la chose.

"- Oh ! Et bien, non, ma fois. Aucune de celles que j'ai rencontré ne m'a encore autant tapé dans l'oeil que ma boisson, et puis les maîtres-brasseurs sont des vagabonds. Nous sommes souvent sans richesse, et notre situation n'attire pas grandement la gente pandaren qui préférera le chef d'une grande exploitation fermière, ou des moines de castes plus sérieuses que la mienne !"

Il déclara ça en riant, assez amusé de l'image qu'il donnait parmi les siens, et accompagna sa remarque d'une nouvelle gorgée. Il semblait très heureux de sa situation, d'après ce qu'on pouvait en voir. Il ajouta enfin en leur faisant un clin d'oeil, avec un demi-sourire dévoilant quelques crocs :

"- Et puis les aventuriers se font bien trop d'amis pour regretter la chaleur du foyer. Vous en êtes la preuve !"


La gorge en feu mais n’en voulant rien montrer, Michal toussotait sous l’effet de la surprise, les minuscules larmes glissant de ses yeux indiquant que la teneur en alcool du breuvage n’était pas usuelle pour lui et avaient bien l’effet escompté par le pandaren. Aussi, même si ce n’était pas l’envie qui lui manquait de démontrer à « la peluche » qu’il savait boire tout comme lui, accepta-t-il néanmoins de s’en tenir là.

« Ouais bon, on va dire qu’c’était un coup pour m’y faire, hein, vieux ! C’est d’la bonne, j’dis pas… faudra tout’d’même qu’tu m’fasses goûter l’autre, une autre fois, quand j’me s’rais habitué à celle ci ! ». Il cligna de l’œil en direction de Cleyam avant de se pencher vers Heythe pour lui murmurer « Hein, qu’on r’viendra ? T’es pas fâchée, dis ? » guettant le sourire qui lui rendrait toute sa bonne humeur. Ce que Heythe lui offra bien volontiers, goûtant la saveur de sa bière, le regard attendri par les élucubrations de celui qui occupait désormais toutes ses pensées.

Rassuré, et se retournant vers Cleyam, Michal ajouta dans un gloussement joyeux. « Pour une fois qu’je trouve un gars qui tient mieux l’alcool que moi ! J’vais pas laisser passer ça ! ». Buvant une bonne rasade et prenant le temps de bien la digérer sans se remettre à tousser, il se pencha alors vers le pandaren et prit des airs de conspirateurs. « Dis voir…. C’est’y vrai tout c’qu’on dit ? C’est l’alcool qui vous rend si fort au combat ? Tu m’montrerais comment tu t’ bats ? T’sais que t’as d’vant toi le plus fortiche des lutteurs à mains nues, hein ? Tu veux pas m’montrer ? m’faire une démo d’ton art ? ».

L’alcool le rendait agité, mais la présence rassurante de Heythe semblait l’empêcher de dériver vers trop de provocation directe. Sa fanfaronnerie était juste un peu exagérée par l’alcool mais restait bon enfant, sans réelle volonté d’en découdre ou de prendre le dessus sur son interlocuteur. Michal aimait la baston pour la baston, pour le plaisir simple de prendre et de donner des coups, sans chercher à faire mal, juste se battre pour tester sa force sur autrui, sauf si on lui cherchait des noises, comme les petites frappes envoyées par le noble rencontré au refuge de l’ornière. Une échauffourée qui les avait fuir en couinant sans demander leur reste, comme le lui avait raconté Michal en rigolant. Sa demande du jour était sincère, il avait entendu parler de cet art de combat des moines et voulait juste en savoir plus.

Heythe continuait d’observer le pandaren sans dire un mot, écoutant l’échange, intéressée elle aussi par cet art du combat mais sans aucune envie d’y participer et se demandait si le moine chercherait à faire sa démonstration sur Michal, ce qui risquait de devenir très amusant, sauf si Michal prenait la raclée de sa vie. Elle n’était pas certaine qu’il le prenne aussi bien que ça, même si, depuis qu’elle l’avait vu se battre aux côtés du Sénéchal et contre les élémentaires de la Horde, elle se doutait qu’il pouvait très certainement, même s’il affirmait le contraire, ravaler sa fierté, rentrer dans le rang et prendre des coups pour apprendre.

« C’est vrai que ce serait intéressant de vous voir œuvrer, messire Cleyam » dit-elle au pandaren en glissant un sourire à Michal. « Et puisque vous parlez de castes de moines, moi qui ai suivi une formation de prêtresse, je me demandais ce que signifie cette vocation. Est ce que vous connaissez les moines de la Lumière, est-ce identique ? ou bien est-ce un mot qui s’applique à tout autre chose ? »


L'imposant buveur s'esclaffa en observant son nouveau camarade en train de se débattre pour réussir à avaler sa bière sans s’étouffer avec, tandis que lui venait de s'en envoyer une nouvelle chope comme s'il s'agissait de petit lait. En effet, la maîtrise de soi en possession de laquelle se trouvait le pandaren lui donnait l'air de n'avoir pas réellement cure des quantités d'alcool qu'il pouvait ingurgiter, et dans la vie de tous les jours, c'était son aptitude la plus utile, selon ses propres mots.

Néanmoins, pour Michal, encore loin de ce contrôle de soi apporté par la formation très rigoureuse de moine, il est vrai que cette aisance quant à la boisson du brasseur devait faire envie. A aucun moment, le moine ne fit preuve d'un quelconque mépris envers son ami, tout à fait conscient d'avoir appris à vivre avec des habitudes totalement différentes des siennes, et ne doutant pas des talents du gaillard dans des activités où il resterait lui-même un novice.

Lorsque Michal lui affirma qu'il lui faudrait lui siffler davantage de sa bière afin de pouvoir par la suite s'attaquer à ses réserves d'eau-de-vie, l'hilarité bonne enfant du pandaren redoubla, laissant son rire profond et très sonore résonner aux alentours, sans que le bougre semble réellement se soucier d'éventuels regards qu'il aurait pu s'attirer. A n'en pas douter, même parmi les leurs, les maîtres brasseurs devaient être des originaux assez peu encombrés de complexes.

Après lui avoir laissé sous entendre qu'il partagerait volontiers ses tonneaux avec lui à l'avenir, Cleyam regarda une nouvelle fois le petit manège du jeune couple, mettant à profit ce petit temps de discussion entre les deux amoureux pour récupérer sa ligne et la relancer dans un coin de l'étang semblant plus prometteur. Michal l'interrogea alors sur ses compétences martiales, ce qui permis au brasseur-guerrier de s'expliquer un peu et d'éclaircir la journaliste par la même occasion sur son art :

"- Et bien dans les faits, tous les pandarens qui deviennent des moines suivent un entraînement strict de plusieurs années. Cela leur permet d'apprendre à dompter leur corps et leur esprit afin de devenir de rigoureux guerriers. Nous n'avons pas vraiment besoin d'arme, car notre concentration nous permet de frapper avec notre poing avec autant de force que si c'était une masse, de balayer nos opposants d'un coup de pied implacable, tel une poutre d'acier venant faucher la victime de l'attaque. "

Cleyam se gratta la barbe un instant, se demandant s'il arrivait à se rendre crédible auprès de ces gens pour lesquels cette voie est si mystérieuse, il essaya d'approfondir son argumentation sur le sujet après s'être à nouveau abreuver de sa fameuse bière, dont il se lécha les babines pour ne pas en perdre la moindre goutte :

"- Les moines peuvent, une fois ce niveau de maîtrise atteint, se spécialiser dans différentes branches développées par notre peuple pour approfondir notre art. Beaucoup de moines finissent dans la caste des marche-vent. Ce sont nos meilleurs combattants, puisque ce sont ceux qui excellent le plus dans notre style de combat, se montrant capables de prouesses physiques totalement hors du commun, capable de décimer des régiments d'ennemis avec leurs seuls poings. Plus rares, les tisse-brume sont des moines plus paisibles, dont la vocation est d'apaiser le corps. Leur connaissance de l'anatomie et des points vitaux leur permet de réaliser des prouesses médicinales à partir de décoctions dont eux seuls ont le secret, ainsi que d'encens régénératrices. Ma mère fut l'une de ces moines."

Le pandaren marqua un nouveau temps d'arrêt, comme pour prendre le temps de se remémorer sa génitrice, celle qui au final, avait su le guider sur cette voie qui le rendait si heureux aujourd'hui. Comme pour marquer son respect, il but sa gorgée suivante d'un air solennel, après avoir légèrement levé sa chope vers le ciel, puis reprit son air jovial habituel avant de répondre enfin concrètement à la question de Loumis, en s'attardant sur sa propre caste :

"- Enfin, notre caste la plus plébiscité mais aussi la plus variée, en fin de compte, est celle des maîtres brasseurs. Je dis varié car parmi les notres, on trouve beaucoup de pandarens totalement pacifistes, organisés en petites sociétés de brasseurs perfectionnant notre art pour ravitailler nos tavernes, mais également de très bons instructeurs dans les monastères, ou enfin, comme c'est mon cas des solitaires et des aventuriers. Les plus fins combattants des maîtres brasseurs ne s'organisent que rarement en groupes comme les marche-vent ou les tisse-brume, et de ce fait, on nous confère souvent des réputations de marginaux, ce qui en soit, n'est pas totalement faux, puisque même si on apporte le bonheur là où on s'arrête, nous sommes plus souvent sur les routes pour découvrir le monde et perfectionner nos propres recettes !"

Tout cela amusait grandement Cleyam, semblait-il encore une fois, et il semblait même se revendiquer de cette situation d'aventurier, le fait d'être un brasseur sédentaire paraissant ridicule à ses yeux. Il semblait donc peu probable qu'on puisse le voir un jour patron de taverne en ville, ce qui serait une perte pou les ivrognes locaux, mais une belle victoire pour ses amis qui seraient parmi les rares privilégiés à bénéficier de son alcool. Il enchaîna :

"- A force de voyager et de perfectionner nos créations, nous sommes capable de leur apporter des vertus presque magiques, selon notre expérience. Les plus sages maîtres-brasseurs sont capables de véritables miracles rien qu'en accordant une gorgée de leur bière à autrui ! Certaines sont tellement puissantes qu'elles peuvent brûler la peau des ennemis sur lesquels elle est lancée ! Et bien souvent, un maître-brasseur use de ses breuvages pour décupler sa résistance aux coups, se rendant aussi dur que de la pierre !"

Poursuivant son exposé tout en se levant et en invitant Michal à faire de même, Cleyam poursuivit :

"- Nous apprenons enfin à développer un style de combat appelé la "danse de l'homme ivre", tout du moins, c'est ce que je fais. Grâce à celle-ci, nous pouvons maîtriser les effets de l’ébriété afin de les tourner à notre avantage... Enfin si vous souhaitez vous mesurer à moi, mon cher ami Michal, nous verrons qui adopte le meilleur style de combat, puisque vous avez bu de mon breuvage vivifiant, qui devrait vous donner un sacré coup de fouet une fois qu'il aura bien été digéré !"

S'écartant de la nappe pour ne pas l'abîmer, y laissant Heythe ne semblant pas avoir la moindre envie de se battre, le moine pandaren se positionna devant l'humain probablement venu se placer face à lui, et s'inclina profondément en joignant les paumes de ses mains devant lui, en signe de respect. Lorsque son adversaire sembla s'être mis en position de combat, Cleyam changea radicalement d'attitude, perdant même son sourire pour l'occasion.

A toute remarque de son opposant, le brasseur ne lui laissera obtenir qu'un silence total, faisant montre d'une extrême concentration, selon toute logique, aux vues de ses explications précédentes. Visiblement prêt à en découdre, il fera un signe à l'humain d'attaquer en premier, avant de changer à nouveau radicalement de comportement. Lui qui vantait la force mentale d'un moine guerrier un instant plus tôt, voilà qu'il se mettait à trébucher et à tituber tel le pire des ivrognes !

Chacun de ses mouvements paraissaient dictés par une soudaine envie de vomir le poussant à se baisser pour rien, ou par une perte d'équilibre le faisant se pencher dans des axes totalement improbables, tel un équilibriste. Pourtant, cette soudaine perte d'assurance apparente lui permit d'esquiver quasiment à coup sur toutes les attaques de Michal, aussi audacieuses soient-elles, ce qui pouvait probablement le déstabiliser pas mal, lui sur qui l'alcool ne faisait que donner la sensation d'être plus fort et plus rapide.

Telle était la danse de l'homme ivre, et tandis que l'humain allait s'épuiser à tenter de le toucher, le pandaren, sans rien en laisser paraître, s’apprêter à passer à l'action de manière fulgurante, alors que pour le moment, il chantonner une chanson à boire de manière très fausse, en hoquetant comme le plus minable des soûlards. Si la chose allait probablement commencer à agacer l'humain, qui se voyait un peu ridiculisé par ce genre d'attitude, le spectacle en était au contraire hilarant pour Heythe !


Dire que le « combat » amusait Heythe était peu dire. Voir le pandaren jouer à l’homme saoul pour ne pas donner d’emprise aux coups de Michal lui sembla digne des plus redoutables lutteurs qu’elle ait pu voir dans sa vie, et elle en avait vu, des combats de boxe, de lutte, des rixes ou des combats bien plus dangereux du côté de la Porte du Courroux. Mais elle se doutait que Michal n’appréciait que modérément de se voir ainsi traité comme un gosse incapable de se défendre, aussi se contenta-t-elle de sourire, voire même de rire légèrement, mais sans ostentation. Surtout que Michal avait tout de même réussi à lui arracher quelques poils de museau sur un fond de couinement qui valait bien les cabrioles que le pandaren faisait pour se moquer !

Une fois Michal dans un état d’agacement qu’elle connaissait déjà trop bien pour savoir qu’il ne fallait pas le laisser aller plus loin, elle se leva l’air de rien et s’avança entre eux.

« Joli combat messire Cleyam ! Mais je crois que vous profitez du fait que Michal a peur de vous faire mal ! Hein Michal ? ». Elle se tourna vers lui et lui rajusta le gilet, comme si de rien n’était, ne prenant pas garde à son essoufflement et à la tension qu’elle sentait vibrer de tout son corps.

L’ancien commando des forces navales de Sa Majesté, en nage et les yeux brûlant de rage contenue, se redressa sous l’effet apaisant des gestes de Heythe, esquissant un faible sourire à la vue de la pépite d’or qu’il lui avait offert la veille. Elle se pencha vers lui et le laissa reprendre contenance le nez dans son cou.

Une fois qu’il eut repris toute sa gouaille et son allant, elle alla se rasseoir et les laissa finir le combat en bonne et due forme, Michal se pliant en deux plusieurs fois, mains jointes, pour remercier son adversaire d’un aussi beau combat.

« Alors… dis voir… » continua Michal en allant s’asseoir, la chope de nouveau en main, la tendant vers Cleyam l’air d’en réclamer un peu plus, «qu’es’ce ça à voir avec le fait d’êt’ moine, tout c’bazard qu’tu viens d’me faire voir là ? »


Impassible. Malgré toutes ses farces et ses mimiques, c'était bel et bien la meilleure manière de décrire l'attitude du pandaren dans l'immédiat. La chose était surprenante, voir ainsi une telle masse de muscles et de graisse couverte de fourrure se mouvoir avec tant de rapidité, dans toutes les directions les plus imprévisibles possibles, si bien que le simple fait de lui porter tenait de la petite victoire personnelle pour un agresseur de l'habile brasseur.

Bien évidemment, et plus encore contre des adversaires au sang chaud comme Michal, la danse de l'homme ivre n'avait qu'un seul but, faire perdre son calme à l'opposant, le pousser à se sentir vexé et sous-estimé par les pitreries du gros bonhomme, dont l'aspect burlesque ne faisait que renforcer la colère qu'il pouvait inspirer à son adversaire. Quoi qu'en disent certains, Cleyam était persuadé qu'un combat était autant une lutte morale que physique.

Il le savait, il l'avait senti, sans doute plus par expérience du combat que par connaissance de la personnalité de Loumis, comme l'avait fait Heythe. Le moment était venu de frapper, et la chose serait sans doute bien plus inattendue que le reste de ses cabrioles inoffensives, maintenant que l'humain s'était épuisé pour ne lui porter que quelques frappes qui, bien que douloureuses, restaient bénignes. Il trébucha en avant, s'approchant dangereusement du lutteur, et soudain...

Se redressa en refaisant quelques pas semblant hésitants en arrière, tandis que la jeune femme stoppait sans le savoir ce qu'il avait mis un certain temps à mettre en place. Faisant mine de rien, et cachant une certaine exaspération face à sa malchance et à son manque de timing, il se contenta d'hocher de la tête en gloussant devant la remarque de l'humaine, redevenu droit comme un piquet en la laissant bichonner son homme, ce sur quoi il se garda du moindre commentaire.

Quand l'humain se lança de nouveau dans la lutte, le moine brasseur recommença son manège un moment, ne prenant qu'un coup de plus sur le museau en lâchant un grognement bestial, édifiant à nouveau sa stratégie, bien que plus rapidement cette fois. L'humain à présent, ne s'attendait clairement pas à recevoir des coups en échange, et ce serait là sa plus grosse erreur. En un instant, sans crier garde, Cleyam reprit toute sa contenance.

Avec un cri bref accompagnant un coup puissant, il vint frapper de toute la force de la paume de sa main sur le torse de Michal ! Il avait laissé le lutteur s'épuisait à essayer de le toucher pendant les dernières minutes puis, sans crier garde, venait de concentrer toute la puissance de son chi, sa puissance spirituelle, dans son bras, qu'il avait su alors propulser comme un boulet de canon. N'ayant heureusement frappé que de la paume de la main, le coup ne fut pas très douloureux.

Néanmoins, l'onde de choc provoquée par la puissance de ce gros bras musculeux parvint à coup sur à rejeter Michal en arrière, où il alla rouler à terre, sonné par l'attaque éclaire qu'il n'aura probablement pas même pu voir venir, tant elle fut inattendue. Sans en ajouter davantage, le pandaren le laissa se relever, puis le salua en même temps afin de signifier que lui aussi, il avait eu sa dose. Il regagna l’étoffe étendue où les attendait la journaliste, se frottant le museau.

Lorsque l'humain revint s'asseoir à ses côtés, ne semblant guère lui en vouloir pour sa petite démonstration de force qui, il l’espéra en tout cas, avait su faire son petit effet, le pandaren fut enchanté e pouvoir lui verser à nouveau une demi-chope de sa bière, qui serait bien plus facile à avaler après une telle lutte, et qui saurait même apaiser un peu le souvenir de l'unique coup reçu par Michal. S'adossant à sa barrique, un fin sourire accroché aux lèvres, le brasseur reposa son chapeau sur sa tête, replongeant ses yeux dans l'ombre.

Il se servit lui-même une nouvelle lampée de son breuvage, souhaitant sans doute tout autant que son camarade oublié la douleur qu'il sentait encore pulsait dans son museau, particulièrement à l'endroit où il était déjà blessé, ses deux cicatrices semblant vouloir lui rappeler à chaque instant leur cuisante présence. Tout en vidant son godet, il resta à l'écoute du lutteur, revenu près de sa belle, qui continuait à l'abreuver de questions, autant qu'ils les abreuvait d'alcool.

"- Ce que ça à voir avec le fait d'être moine ? répéta-t-il avec un sourire amusé. Rien, je suppose. Les moines sont apparus sur notre terre natale il y a des millénaires pour se lever contre l’oppression, défendre les faibles en renversant les tyrans, afin d'apporter un avenir meilleur aux miens. Ils ne se cachaient pas derrière des fausses manières pour duper l'adversaire, je suppose. Moi, je ne suis que Cleyam Souffle-Braise, le brasseur rondouillard qui se balade à sa guise en se saoûlant à l'envie tout en s'amusant à bastonner ceux qui se frottent à lui..."

L'éclat de son regard azuré restait visible sous l'ombre du chapeau de rizière, et il était fixé sur Michal et Heythe avec un sérieux qu'ils ne lui avaient pas trouvé jusqu'alors, montrant qu'après tout, ce gros alcoolique avait peut-être d'autres considérations que de brasser, comme il semblait l'affirmer.

"- Néanmoins, j'ai rejoins votre Alliance. J'ai prêté serment. Mon honneur est engagé. Aux yeux des votre, je ne suis qu'un gros soûlard juste bon à faire le pitre et de la bonne bière. Mais tu l'as vu, Michal Loumis... "Tout mon bazar" n'est pas qu'un délire d'ivrogne. Nous sommes des combattants, et même si nos idéaux ne sont pas portés vers la Lumière que vous adorez, nous connaissons la valeur des choses, et nous avons le sens de l'honneur."

Son regard se fit plus intense encore, solennel, même.

"- Nos poings, lorsqu'ils sont nécessaires, sont aussi destructeurs que vos lames. Lorsqu'il le faudra, ils seront dirigés vers vos ennemis, qui sont désormais tout autant les miens."

S'affalant de nouveau contre le tonneau en grognant, le brasseur se gratta la barbe en marmonnant. Sans doute était-ce l'alcool qui l'avait lancé dans cette tirade, mais elle n'en était pas moins sincère et assez poignante, à la manière dont il l'avait déclamé de sa voix de stentor. Sirotant son verre, pensif, le brasseur combattant redressa le regard vers le couple, s’intéressant à leur réaction, ayant repris un air serein, semble-t-il.

Par Cleyam Souffle Braise
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